Sortir de l’engrenage de la « rat race » : est-ce vraiment possible ?

Se lever tôt, souvent trop tôt, et le sprint commence : s’occuper des enfants, la douche, le café, l’emballement matinal, puis partir.

Pour se précipiter vers son lieu de travail.

Les bouchons, les transports en commun, la promiscuité souvent Puis le petit job peu gratifiant, peu gratifié, café en dosettes Un manque de sens, un horizon professionnel maussade Des collègues grisâtres, vaguement sympathiques, et dont on se méfie tout de même.

Puis une journée à rallonge… Du stress, un manager, des objectifs, des comptes à rendre. Guetter l’heure, l’aiguille, ces fichus quatre chiffres en bas à droite, sur son ordinateur

Partir enfin ! Rentrer. Encore du monde sur la route. Manger, comater devant Netflix, puis s’endormir Pour recommencer le lendemain Encore et encore

Avant qu’on puisse poser un ou deux sacro-saints jours fériés Mais quand même, gaffe, il n’y a pas plus que 25 par an… Guetter les ponts, les « bons plans » du calendrier, les vacances scolaires.

C’est à quel âge, la retraite ?

Bienvenue dans la Rat Race, le 9h-17h qu’on connait tous, 5 jours par semaine et parfois plus si affinités.

C’est l’histoire de ce système affligeant, ce travail pénible, cette impression au réveil qu’on est un peu plus fatigués que la veille et qu’il n’y a rien à faire pour sortir du cercle.

La « Rat Race », c’est littéralement la « course de rats », l’humain qui court après son temps, après son job, après sa vie, et qui n’a jamais assez de temps pour lui, pour ses enfants ou pour son bonheur.

« La rat race » : un tableau pas si noir que ça ?

OK OK, je force un peu le trait.

Mais pour beaucoup de gens, le slogan « métro boulot dodo » ou encore la « rat race » est quelque chose de bien réel.

Se lever, partir, travailler, revenir, recommencer. Et vivement le week-end / les vacances / les ponts du mois de mai / les jours meilleurs…

Ce tableau, j’ai mis quelques années à le voir et à le comprendre. Pour moi, le travail, quand j’étais plus jeune, le travail était censé me libérer.

Me libérer financièrement déjà. Oubliés les petits jobs et mes parents qui me filaient un coup de main. Merci, mais je me débrouille, maintenant.

Me libérer mentalement aussi, prendre mon envol. Habiter seul, payer mon loyer, faire ce que bon me semble.

J’y crois dur comme fer.

Après quelques années de salariat, il faut bien le dire : j’étais rentré dans le moule.

Je voyais mon humeur se dégrader à mesure que la routine du travail devenait insupportable.

Mes perspectives salariales étaient inexistantes et je voyais difficilement ce qui allait s’améliorer. Une prime ? Une nouveauté quelconque ? Changer de boîte ?

Ce n’était pas une option : le monde du travail était très contracté pour les nouveaux arrivants et quitter un CDI était considéré comme la plus grosse erreur possible.

Mes amis et mes proches ne faisaient pas non plus un travail enthousiasmant, et n’avait guère plus de temps que la moyenne. Ils attendaient, comme quoi, je ne sais quoi… « Des jours meilleurs », ai-je écris plus haut.

En attendant, je fumais de plus en plus et j’avais arrêté le sport. « Plus le temps », pas vrai ?

Bien sûr, de très nombreuses personnes s’y font, aiment leur job, oublient les crasses de leurs managers et s’accommodent de cette situation.

Malgré tout, je ne connais pas grand monde qui va au boulot avec un grand sourire et qui crie à tue-tête qu’il a le temps de faire ce qu’il veut, que son temps libre est suffisant, etc.

Refuser le système est un point de départ évident

Mais revenons à ma situation : jeune salarié, quelques années d’expérience, petit salaire et hautement remplaçable par n’importe qui. Le tout dans un marché de l’emploi très tendu, où il y avait beaucoup plus de main d’œuvre que de postes à pourvoir. Bonjour l’angoisse !

De mon côté, il fallait que je fasse une chose, ne serait-ce pour ma santé mentale : accepter le système.

Tant mieux pour ceux qui arrivent à tout laisser de côté, leurs ambitions, leurs rêves d’enfant.

Leurs rêves de voler, d’être libre, indépendant, heureux.

Moi, j’avais beau essayer, je n’y arrivais pas.

Mon job me sortait littéralement par les yeux, je dormais mal, devenais irascible, déprimé, dépressif.

J’avais l’impression d’être en cage et de ne plus avoir le contrôle de ma vie.

Enfant, on m’avait vendu la vie d’adulte comme une liberté renouvelée, de l’argent, des possibilités, des loisirs, des choix à faire, des chemins à parcourir.

Au lieu de ça, rien.

L’argent qui emprisonne, les revenus qui augmentent et qui font que le salaire devient affreusement vital, le travail qui devient le centre.

Et le temps qui se réduit à peau de chagrin, les week-ends sacrifiés en toute perte, à échafauder des échappatoires fumeuses, bonjour EuroMillions et l’invention (toute théorique, cela va sans dire) d’une pince à linge séchante qui me fera gagner le concours Lépine.

De toutes façons ça va recommencer, et le blues du dimanche soir qui se déclare dès le samedi midi.

Le quotidien, les jours puis semaines qui passent, les mois, les vacances, la rentrée, recommencer.

J’ai tenu quoi ? Deux ans, même pas.

Et puis je suis allé dans le bureau du patron de cette petite PME pour lui dire que je démissionnais, non sans lui asséner quelques vérités sur des pratiques managériales héritées du Moyen Âge.

(La boîte en question a coulé depuis, grand bien lui fasse !)

Je ne connaissais pas le mot de « rat race », je ne prenais pas le métro pour aller au boulot, mais j’avais compris que ce système allait me broyer.

Et même si je n’avais absolument aucun plan pour l’avenir, je savais que pour ma propre survie, il fallait d’abord fuir.

Beaucoup ne perçoivent même pas cette course effrénée

Bien sûr, cela dépend du caractère de chacun, de la boîte en question, de l’épanouissement qu’on parvient à atteindre au travail, du sens que notre emploi peut donner à notre vie, de son salaire, etc etc.

Mais pour les employés de bureau comme moi, le nez scotché à l’écran, la quête de sens est minime.

On est souvent sur du « vendre plus » ou « vendre plus cher » ou « faire mieux que l’année précédente ».

Sur des questions financières binaires, assez ennuyeuses d’autant plus qu’on a quasiment aucune prise sur elles.

Un chirurgien connaît-il la rat race ? Je ne crois pas. Son emploi fait sens, et sa rémunération aussi.

A moins qu’il ait été (très) mal orienté durant ses douze années d’étude, et qu’il charcute sans aucune passion pour la médecine ni pour la santé de ses patients…

A mes yeux, mon emploi devait m’apporter avant tout de l’argent (et après tout, un peu de sens, pourquoi pas, je ne suis pas contre).

Quand j’ai vu mes perspectives salariales faméliques et qu’en plus, le sens était pour le moins douteux, j’ai craqué.

Certains ne craqueront jamais, ils s’accommodent. Énorme respect pour ces gens-là même si je ne fonctionne pas de la même façon.

On peut bien sûr garder un emploi mal payé, qui manque de sens, si nos collègues sont tout simplement très sympathiques, cordiaux, marrants, généreux. L’humain, la fraternité, le sourire : ça a du sens, évidemment !

D’autres, et ils sont nombreux, serrent quand même les dents pendant des années.

S’épuisent à concilier vie pro trépidante, salaire décevant, et vie perso à cent à l’heure parce que par le choix (vivre quoi : les enfants, l’argent, les projets, les emmerdes aussi…).

Et puis, un jour ou l’autre, généralement autour de 40 ou 50 ans, les câbles lâchent – ou pas.

Dans tous les cas, une fois qu’on a entr’aperçu la rat race, qu’on a compris, même confusément, à quel point ce système nous oppressait sans jamais nous rendre véritablement heureux, il est très difficile de ne pas vouloir en sortir.

Quand bien même on aurait des chances de croire que « ça ira mieux demain » : meilleur poste en vue, meilleure rémunération possible, plus de responsabilités à l’avenir, télétravail deux jours par semaine qui « libère », statut social qui augmente à mesure que les années passent, carrière plus aboutie après xx années au sein de la même boîte…

Quand bien même !

J’ai pris du recul et je me suis dit : est-ce qu’à titre personnel, si je tiens le coup et que toutes ses « bonnes choses » arrivent comme par magie, est-ce que tout cela va me rendre plus heureux ?

Pour moi, la réponse ne faisait pas un pli : bien sûr que non.

L’argent : moteur de la rat race et piège ultime

En matière de rat race, le moteur n’est que l’argent.

Pourquoi accepter un CDI mal payé si ce n’est pour payer ses factures ?

Pour s’engager dans la rat race si ce n’est par obligation ?

L’argent nous asservit, c’est évident. Il faut pouvoir payer nos crédits, dépenses, plaisirs, vacances…

Et pour ça, il faut travailler. Gagner plus, pour payer plus. Pour « vivre mieux ».

Plus grand chez-soi, jardin, vacances plus lointaines, résidence secondaire.

Autant de nouveaux asservissements à la rat race.

Car une fois que le train de vie est là, comment peut-on s’arrêter ?

Il ne suffira pas de freiner des quatre fers. Ca sera trop tard.

Ma chance, c’est d’avoir compris ce système assez tôt.

D’avoir pu quitter un job rapidement, avant que je ne devienne propriétaire, ou père, ou les deux à la fois.

Avant que je n’achète une voiture, que je n’ai tel ou tel crédit à la conso, etc.

Mon erreur, c’est d’avoir compris la rat race mais de ne pas avoir immédiatement mis des choses en place pour ne plus jamais avoir à y retourner.

J’ai perdu plusieurs années avant de comprendre que la rat race était partout, et qu’à la moindre erreur, je retournerais avec mes semblables, chers rats, à tourner dans cette roue cruelle.

Se former pour s’en sortir : ma petite histoire

Après ma démission, j’ai décidé de me former sur quelque chose qui me passionnait vraiment : le web.

Après quelques recherches, c’est le référencement naturel qui m’avait surtout fait de l’œil.

Je m’y suis mis, sans aucune expérience.

Quelques mois plus tard, par chance et par culot, je signais un nouveau CDI dans une agence web.

Meilleur poste, meilleur salaire, meilleurs collègues.

J’avais l’impression d’être arrivé à mes fins.

C’était top, rien à redire.

Mais en parallèle de mon activité, j’ai développé ma propre micro-entreprise.

Des clients, des projets, des idées plein la tête.

Mon nouveau travail me permettait de monter en compétences et d’abreuver mon esprit entrepreneurial, ma quête de liberté, ma curiosité.

Et mon « petit business », après quelques années de travail, s’avérait de plus en plus florissant.

Je gagnais mieux ma vie en travaillant uniquement quelques soirées et une demi-journée les week-ends, sur cette petite entreprise à mon nom, plutôt qu’avec le salariat.

Alors je n’ai pas hésité.

J’ai quitté le salariat, encore.

Pour vivre « à 100% » de ma capacité entrepreneuriale.

J’ai embarqué ma compagne dans l’aventure. Au revoir petits boulots et remplacements, bonjour la vie d’entrepreneurs. Partons !

Nous avons quitté la Lorraine et la France, direction l’Espagne.

Bye la rat race, bonjour le soleil !

Imaginez ma chère mère, quand je lui ai annoncé que je plaquais mon CDI dans une boîte qui me payait dignement, et que je partais vivre en Espagne pour vivre de mes sites internet !

On était à deux doigts de l’infarctus (et là, j’abuse à peine).

Le tout, c’est de ne pas savoir ce que serait sa vie autrement

Arrivés en Costa Blanca, nous avons vu ce que pouvait être la vie, autrement.

Bien sûr le soleil, la plage, l’altérité hispanophone, super.

Mais aussi le boulot d’où l’on veut, les coworkings.

Et les responsabilités, aussi. Les clients, évidemment. Nous sommes seuls à bord. Nous sommes nos patrons.

Pas de manager, de charge de projet, de commercial, de N+1 ou de boss pour prendre les baffes à notre place.

Et la peur aussi, au quotidien. Toujours à cause de l’argent.

La peur de voir ses revenus décliner, les mois plus ou moins bons, les changements brusques qui peuvent tout emporter (bonjour Google, oh mon cher algorithme qui me cajole avant de me mettre deux tartes).

C’est un deal que nous avons accepté : nous dormirons parfois moins bien que la moyenne, mais nous dormirons sans penser à la rat race, et encore moins à l’heure du réveil…

Et c’est là la première vraie leçon de cet article : oui, vous pouvez avoir le sentiment qu’il est possible de sortir de la rat race.

Et qu’il y a plein de façons différentes de sortir de la rat race, mais aussi plein d’objectifs de vie qui peuvent répondre au besoin de sortir de ce système.

Par exemple, vous pouvez quitter la rat race…

    • Pour travailler depuis chez vous ou depuis un autre lieu, à l’autre bout du monde
    • Pour déménager et vivre à la campagne, loin des tracas de la ville ;
    • Pour travailler sur des projets qui vous passionnent ;
    • Pour créer votre propre affaire, et capitaliser sur votre expertise ;
    • Pour travailler seulement à mi-temps, salarié ou indépendant, et prendre du temps pour votre famille ;

Bref, vous l’aurez compris : quitter la rat race implique souvent un choix fort.

Un changement de vie.

Mais cela n’est évidemment pas sans risque ni sans conséquence.

 

 

Il faut le vouloir et il faut oser le faire, et ce n’est pas une mince affaire.

L’herbe est toujours plus verte ailleurs

C’est sans doute un dicton usé par les ans, mais sa véracité est telle que je le mets en titre. Hop. Tant pis pour l’originalité.

Oui, l’herbe est toujours plus verte ailleurs. Même lorsque l’on a trouvé son équilibre vie pro / vie perso, que l’on pense avoir atteint sa « meilleure vie » et que la situation nous convient, on ne peut s’empêcher de lorgner sur la vie du voisin.

Et de comparer.

Niveau de salaire, tâches, patrimoine, responsabilités, statut social… bagnole…

Il y a toujours quelque chose qui nous pourrit la vie.

Dans notre cas, entrepreneurs à l’étranger, dans un environnement très agréable, il y avait deux points qui étaient plus ardus :

  • L’argent, notamment pour ma compagne, qui était très fluctuant en fonction des factures et de la santé de nos sites internet ;
  • Nos proches, restés en France, que l’on ne voyait vraiment pas assez à notre goût ;

Pour autant, notre vie comportait plus d’avantages que d’inconvénients et nous ne souhaitions pas en changer.

Il y avait cependant une angoisse lancinante qui commençait à pointer le bout de son nez.

Besoin de voir notre chiffre d’affaires, de sécuriser nos activités, de trouver de nouveaux clients, de nous diversifier. Non pas que nous manquions d’argent ou de travail, mais nous parlions de plus en plus de ce besoin de sécuriser notre activité.

Oh, bien sûr, par rapport au salariat, ce n’était pas grand-chose. Mais à mesure que les mois passaient, nous retrouvions certaines angoisses et du stress qui grandissait, à l’image de n’importe quel salarié « coincé » dans son quotidien.

Nous avions moins de temps pour nous et il s’avérait plus difficile de lâcher la souris et d’aller prendre l’air et le tram, directement la playa de San Juan

En plus, à l’instar de tous les plans qui ne comportent aucun accroc, il y a eu quelques surprises qui ont bouleversé les choses.

L’épidémie, et un bébé : retour à la réalité ?

Mars 2020.

Nous apprenons tout à la fois le sens du mot « covid », du mot « confinement » et, pour ma part, j’apprends dans le même temps que des mots comme « sage-femme » et des expressions comme « préparation à la naissance », vont parsemer les 9 prochains mois.

Double révolution. L’une subie, angoissante, collective.

L’autre révolution est également angoissante (quand même), personnelle, mais heureuse. Evidemment !

Tout va changer.

Nous allons passer plusieurs mois confinés, en France fort heureusement, le confinement ayant été décrété pendant que nous faisions un retour dans l’Hexagone.

Mais 4 mois confinés chez mes parents. Pauvre de nous (et pauvres parents, il faut bien le dire).

Puis la naissance de notre fille, en septembre 2020. Avec le masque sur le nez, sourires et grimaces cachés en salle d’accouchement.

Les choses ont changé. Le monde a changé, bien sûr, et le monde du travail va énormément changer dans les années qui suivront.

Mais notre vie personnelle a, elle aussi, été bouleversée.

Nous pensons désormais à 3, et l’argent est évidemment un sujet à prendre en compte. C’est un sujet que nous n’abordons plus de la même manière.

Nous sommes deux travailleurs indépendants, avec des revenus fluctuants, une petite activité qui est plus ou moins stable, et ce qui était majoritairement perçu comme une chance devient un fardeau.

Car l’angoisse est beaucoup plus présente. Nous avons peur de perdre tous nos revenus.

Nous trouvons un nouveau logement à la faveur d’un confinement, déménageons quelques semaines avant la naissance de notre fille.

Et il va falloir assurer maintenant. Au revoir l’Espagne, bonjour les couches.

Le rapport avec la rat race ?

Au moindre pépin financier, il faudra y retourner.

Pour payer le logement. Pour avoir des revenus stables. Pour mettre votre famille à l’abri du besoin. Car il n’est plus question de vivoter ou d’avoir peur du lendemain avec un bébé dans les bras…

Il est si facile de replonger dans la course effrénée

En fait, la rat race, ce n’est pas le salariat.

La rat race, c’est le système tout entier.

Être entrepreneur ne vous protège pas de cette course.

Devenir actionnaire majoritaire d’une boîte florissante ne vous met pas à l’abri.

Avoir « son propre business », même florissant, ne vous évitera pas de courir, d’angoisser, de passer trop de temps au boulot et pas assez avec vos proches.

La rat race, c’est l’argent tout puissant.

Cet argent qui nous permet d’avoir un toit, une voiture, un prêt, un frigo rempli ou non, l’électricité, une assurance, un smartphone, des bibelots, un « niveau de vie », des habits de marque, des vacances, un ordinateur…

La rat race est extrêmement puissante car à mesure que l’on vieillit, que notre famille s’agrandit, que nos besoins augmentent… Hé bien à mesure que le temps passe et que notre niveau de vie grandit, nous avons davantage besoin d’argent.

Nos besoins en argent augmentent énormément.

Entre mon premier job et aujourd’hui, mes dépenses ont quasiment triplé.

Je suis donc nettement plus dépendant de mes revenus que je ne l’étais il y a 5 ou 10 ans.

Une voiture, un prêt immobilier, des bibelots et des habitudes : tout cela suffit largement pour générer des dépenses conséquentes.

Mon niveau de vie a considérablement augmenté.

Suis-je plus heureux ? Non.

Je cours beaucoup plus après le temps et après ma vie. Avoir un enfant n’aide pas, c’est certain. Cela prend du temps et c’est bien normal.

Je ne suis pas malheureux d’être père. Mais ma vie a changé, et il n’est plus question d’aborder la question de l’argent avec désinvolture.

Vivre avec 1000 ou 1500€ était possible, pour moi, il y a quelques années. Sans angoisse. J’aime les pâtes et les patates…

Aujourd’hui, ce n’est absolument pas possible, car je ne suis plus seul.

Ce que je veux surtout souligner ici, c’est qu’il ne suffit pas de devenir entrepreneur ou de gagner de fortes sommes d’argent pour sortir de la rat race.

Finalement, votre salaire importe peu.

Ce qui est primordial, c’est que votre niveau de vie ne vous asservisse pas.

Ecoutez ce que Tyler Durden (Brad Pitt) répond au narrateur (joué par Edward Norton) au début du film, juste après que le narrateur découvre que son appartement impeccable – et très bien meublé – vient d’être soufflé par une explosion :

– Je ne sais pas, c’est seulement que quand on commande des meubles, on se dit à soi-même, ca y est c’est le dernier canapé dont j’aurai besoin quoiqu’il arrive d’autre par la suite, j’ai enfin réglé le problème du canapé, j’avais tout, j’avais une chaîne hi-fi de très bonne qualité, une garde robe qui devenait très respectable, j’allais bientôt être aussi complet que possible…

– Merde, et maintenant tout est foutu.

– Tout est foutu.

– Un duvet, tu sais ce que c’est ?

– Une couette rembourrée ?

– C’est une couverture, tout simplement, pourquoi toi et moi on sait ce que c’est qu’un duvet à ton avis ? Parce que c’est essentiel à notre survie ? Dans cette existence précaire que nous menons ? Non. Alors on est quoi ?

On est que des consommateurs. Tu l’as dit, on est des consommateurs, on est des sous-produits d’un mode de vie devenu une obsession. […] Moi je te dis ne sois jamais complet, je te dis arrête d’être parfait. Je te dis qu’il faut évoluer et que ce qui doit arriver arrive. Mais c’est mon avis, je peux me tromper, peut être que c’est une vraie tragédie

– Non, c’étaient que des objets, c’est pas une tragédie mais…  

– Enfin t’as quand même perdu un tas de réponses modulables aux problèmes de la vie moderne.

– Ouais t’as raison… Tu sais mon assurance va probablement tout couvrir… Quoi ?

Les choses qu’on possède finissent par nous posséder, mais tu fais ce que tu veux mec.

C’est devenu un mantra pour moi : les choses qu’on possède finissent par nous posséder. Une petite phrase qui résume, à mon sens, notre rapport à l’argent.

La vérité, c’est qu’on ne quitte jamais vraiment la rat race

Voilà la dure vérité : il n’y a pas de porte de sortie réelle.

Il n’y a pas un pas à faire et hop, c’est gagné.

Ce n’est pas une question de choix.

Il y a des pas de côté, des parenthèses, des moments épargnés par la rat race, certes.

Vous avez toujours l’équation vie / argent / temps à résoudre, et l’équation en question s’avère toujours plus ou moins compliquée.

En fonction de votre travail, de votre salaire, de l’implication que votre travail demande, de votre niveau de vie et de votre vie personnelle.

Un célibataire n’aura pas les mêmes « problèmes » qu’un jeune couple avec 3 enfants en bas âge, c’est évident.

Dans tous les cas, quelle que soit votre situation, sortir de la rat race suppose non pas un choix mais une discipline au long cours.

C’est petit pas par petit pas que vous sortirez de la rat race, mètre après mètre, année après année. Pourcent après pourcent.

Vouloir « tout plaquer » du jour au lendemain et reprendre votre liberté est une autre façon de vous asservir plus brutalement encore d’ici quelques mois, quand l’argent viendra à manquer (ou quand la peur de manquer pointera le bout de son nez).

Pour limiter le poids de la rat race et limiter votre pression, il va falloir agir en plusieurs étapes :

  1. Redéfinir votre niveau de vie ;
  2. Contrôler vos dépenses pour améliorer votre épargne ;
  3. Préparer l’avenir ;

Ce sont ces trois grandes étapes qui vous permettront de reprendre le contrôle et de ne plus être asservi chaque jour ouvrable…

Ne laissez pas vos dépenses vous asservir

Alors forcément, il faut partir d’un bout.

Si vous faites baisser la somme des choses qui vous asservissent, la main mise du système est plus faible.

Autrement dit : moins vous avez besoin d’argent, moins vous souffrez de la rat race. Et au fil du temps, vous pouvez en sortir.

Pour autant, faut-il miser sur la frugalité ?

Si vous le voulez et si vous le pouvez, pourquoi pas ?

Je reviendrai en détail sur la frugalité et notamment sur le mouvement FIRE dans un autre article mais pour faire simple, résumons ici :

La frugalité, est restreindre au maximum ses dépenses, épargner et maximum, investir et sortir du système au plus tôt. Autrement dit : devenir rentier sous 10, 15, 20 ans.

A force de sacrifices assez importants.

Pour imager : sucez des cailloux pendant 20 ans, investissez, priez que tout fonctionne, et vous serez peut-être à la retraite à 45 ans.

Certes, sans enfant, sans être propriétaire, sans gras sur le bide, sans bonheur et sans ami, mais…

Pardon.

Me voilà à nouveau en train de forcer le trait, cette fois-ci en ce qui concerne la frugalité.

Mais la vérité, c’est que la frugalité n’est pas adaptée ni adaptable à tous.

Frugalité VS Minimalisme

Si vous êtes célibataire ou en couple, et si votre moitié partage les mêmes aspirations, OK, la frugalité peut être un levier très puissant, et supportable.

Si vous êtes, comme moi, en couple avec des enfants en bas âge, et si votre moitié entend bien profiter de la vie (et moi aussi, mazette !), alors ce n’est pas facile à mettre en place.

Sacrifier les sacro-saintes pizzas du vendredi soir pour augmenter notre portefeuille d’actions, ce n’est pas le genre de la maison.

Il faut garder certains leviers utilisés par les « frugaux », mais ne pas pousser le bouchon.

En tout cas, c’est ainsi que nous avons appliqué les choses à notre situation.

Nous avons essayé de « reprendre le contrôle » sur notre argent.

Cela me fait penser à cette citation de l’Américain Dave Ramsey, un journaliste financier :

« Vous devez prendre le contrôle de votre argent ou son manque vous contrôlera pour toujours. »

A mon sens, il n’y a pas de meilleure définition de la rat race : c’est l’argent qui vous contrôle. Mais si vous parvenez à le contrôler, vous vous affranchissez de la rat race.

D’abord d’un point de vue mental, car vous êtes moins angoissé à l’idée de manquer d’argent ; mais aussi évidemment d’un point de vue monétaire, car vous n’êtes plus autant asservi par l’argent.

Pour nous, qui avions des revenus fluctuants et autour de la médiane française (disons 1700€ par mois et par tête de pipe), difficile d’espérer augmenter significativement nos revenus.

Nous pouvions donc contrôler nos dépenses, mais sans pour autant miser sur la frugalité.

Si on devait « classer » les mouvements de contrôle budgétaire, on partirait du plus drastique (le frugalisme) vers celui qui me semble le plus « logique » et même dans l’air du temps (l’essentialisme) en passant par une médiane qui serait le minimalisme.

Le minimalisme a été affreusement à la mode il y a quelques années, bien soutenus par un bouquin et surtout une série Netflix.

La mode japonisante et les critiques face à l’ultraconsumérisme (dont nous sommes tous un peu les victimes et un peu les fers de lance) ont boosté ce mouvement qui est explicable en peu de mots : vivre avec un slip, une brosse à dent avec tige en bambou, un ordinateur et trois paires de chaussettes.

Une nouvelle fois je force le trait (décidément, ça devient ma marque de fabrique) mais je n’ai pas besoin d’en dire beaucoup plus sur ce concept que vous connaissez déjà de près ou de loin.

« Le minimalisme est un style de vie dans lequel vous limitez ce que vous possédez à l’absolu minimum dont vous avez besoin pour vivre. » affirme Fumio Sasaki, célèbre minimaliste nippon.

Cela fait quand même fortement écho à nos problèmes de « choses qui nous possèdent », dixit le non moins célèbre Tyler Durden de Fight Club…

La vérité, c’est que le minimaliste est un frugaliste heureux, qui choisit le moins comme style de vie. Et c’est tant mieux pour lui.

Il voit son armoire vide avec bonheur, se débarrasse de ses objets et se tourne vers la méditation. Il ne se restreint pas, et voit davantage dans ce « dépouillement » un mode de vie, une philosophie, et non un moyen de prendre sa retraite à 40 ans.

Le minimaliste n’est pas un calculateur financier : c’est davantage un ascète. Et il y a beaucoup de choses à retenir du minimalisme (j’y reviendrai sans doute dans un autre article) mais pour moi et ma tribu, une nouvelle fois, le minimalisme, ça s’apparente à un défi intenable plutôt qu’à un mode de vie idéal.

C’est pour ces raisons très simples (et assez égoïstes, je vous l’accorde), que je préfère parler et suivre les préceptes d’un autre mouvement : l’essentialisme.

L’essentialisme : faire moins mais mieux  

Comment résoudre l’équation vivre en dépensant moins, mais sans contrainte supplémentaire ?

Autrement dit : comment réduire l’empreinte de l’argent sur notre vie, sans forcément couper court à tous les plaisirs/petits bonheurs que l’argent peut nous acheter.

La réponse tient en un mot : essentialisme.

Et la première question en matière d’essentialisme, c’est : de quoi ai-je besoin ?

Si j’ai besoin de ma collection complète de « La Jeunesse de Picsou » de Don Rosa, pourquoi m’en priverais-je ?

Si, par contre, j’ai besoin de seulement 3 jeans, pourquoi en acheter deux de plus ?

Bien sûr, cette philosophie du « moins mais mieux » est applicable aux choses que l’on achète mais aussi à nos actes, aux options que l’on peut choisir plutôt que d’autres, etc.

Dans son livre « L’essentialisme », Greg McKeown parle aussi des compromis et des priorités : il ne s’agit pas résoudre tous les problèmes de sa vie grâce à l’essentialisme, mais à cibler les problèmes qu’il faut résoudre en priorité.

Il faut donc examiner, puis éliminer, puis mettre en place un programme qui facilitera la réussite de nos objectifs.

Si j’applique ces préceptes simples à notre budget, cela donne ça :

  • Il faut que nous distinguions les choses et les dépenses qui sont essentielles et celles qui ne le sont pas ;
  • Il faut que nous éliminions toutes les choses superflues ;
  • Il faut ensuite que nous élaborions un programme pour nous aider à atteindre nos objectifs ;

Et pour raccorder tout ça à mon petit train, soyons concret : il s’agit en fait de distinguer ce dont on peut se passer sans être contraint ou triste afin d’alléger le poids de nos dépenses.

Moins d’argent pour plus de liberté ?

Pour conclure cet article qui est déjà très long, je me permets ici de revenir en arrière.

Je reviens sur quelques idées fortes : le système capitaliste et consumériste nous invite à toucher plus consommer, acheter, voire à nous endetter pour un meilleur « niveau de vie ».

Ce mouvement nous asservit tout naturellement à nos revenus, dont l’augmentation n’est plus seulement désirée mais primordiale : car plus le temps passe, plus nous dépensons d’argent.

Sortir de la rat race, ce n’est pas seulement « moins dépenser » ou « plus épargner/investir », c’est surtout vivre mieux. La fin de la rat race a un objectif : votre bonheur.

Je dis souvent que la vraie richesse, c’est de pouvoir faire une sieste.

Pas forcément d’accumuler des 0 sur son compte en banque. Pas d’avoir un portefeuille d’actions incroyablement efficient et diversifié.

Tout n’est pas qu’une question d’argent

Et pour la rat race, c’est pareil. Ce n’est pas qu’une question d’argent, c’est aussi une question de choix, de jugement et de vivre mieux.

Timothée Parrique, économiste français spécialiste de la décroissance, parle d’un « taux de satiété » économique au-delà duquel on n’est pas plus heureux en gagnant plus d’argent.

Cette notion m’interpelle : cela prouve que le bonheur est décorrélé de l’argent à partir du moment où l’on en gagne suffisamment. Cela rappelle un peu l’adage populaire : l’argent ne fait pas le bonheur mais il y contribue.

On pourrait surtout souligner que l’argent peut faire le malheur, quand on l’utilise mal, quand il nous asservit ou quand on en manque cruellement.

C’est aussi cela qu’il faut retenir : la rat race, c’est l’argent tout puissant qui fait notre malheur.

Pour conclure, si je devais réfléchir à un plan de bataille en 4 grandes étapes pour éviter cet asservissement par l’argent : 

  1. Mieux vivre son rapport à l’argent, pour éviter d’être son esclave ;
  2. Comprendre et combattre les émotions négatives liées à l’argent ;
  3. Reprendre les commandes du vaisseau et assainir sa situation financière ;
  4. Bâtir un avenir financier plus serein et décorrélé des revenus ;

Dans tous les cas, « devenir riche » n’est absolument pas mon objectif. Devenir heureux, et le rester, m’apparaît nettement plus enviable !

Gabin

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